« Flâneries 2023 » – # 129 – « Racines interdites »


Travaux, réaménagement, verdissement, végétalisation, désartificialisation : de grands mots en vogue. Soudain, au gré des rues, des carrefours sautent aux yeux les contradictions. Bitume sur bitume, carcans de plastique, pas un confrère à portée de racines : les arbres sont en prison. Il y a trente ans, en ville, une telle aberration aurait semblé accessoire, aujourd’hui, elle illustre le barbare. Ce qui étonne, c’est qu’en dépit de racines interdites, bien qu’asphyxiés dans leur sarcophage d’enrobant ou d’autres matériaux, les arbres s’évertuent encore et toujours à bourgeonner, fleurir et grandir. Ils sont probablement les meilleurs exemples de résistance à l’oppression. Et de rappeler chez Jean Giono ce dialogue tiré de L’homme qui plantait des arbres, entre le narrateur et Eléazar Bouffier : « Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans il en aurait planté tellement d’autres que ces dix mille seraient comme une goutte d’eau dans la mer. » Nous, en ville, avons encore quelques révolutions à lancer, non pas en mots, mais en actes.

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