« Flâneries 2023 » – # 133 – « L’éternelle idole »


Ce n’est qu’un plâtre, ce n’est pas le bronze puissant. L’ensemble est protégé par une cage de verre, pourtant, dans les miroitements de lumière, l’émotion de l’élan se ressent. Auguste Rodin, dans son abri de Meudon, a imaginé, modelé, fait sculpter et fondre cette merveille. Il reprend dans la pose de ce couple, l’homme : Samson, la femme : Dalila, un vers du poème La colère de Samson d’Alfred de Vigny : « Il rêvera partout à la chaleur du sein ».

Ces longs vers chantent l’amour sans cesse regretté, sans cesse mis en jeu, souvent trompé, de l’homme pour la femme :
« L’Homme a toujours besoin de caresse et d’amour,
Sa mère l’en abreuve alors qu’il vient au jour,
Et ce bras le premier l’engourdit, le balance
Et lui donne un désir d’amour et d’indolence.
Troublé dans l’action, troublé dans le dessein,
Il rêvera partout à la chaleur du sein,
Aux chanson de la nuit, aux baisers de l’aurore,
À la lèvre de feu que sa lèvre dévore, »

Rodin rappelle par le modelage ce que Vigny appelle par les mots : l’infini tendresse possible entre l’homme et la femme. Samson cherche une réponse à son besoin de douceur à genou devant :
« Celle à qui va l’amour et de qui tient notre vie,
Celle-là, par Orgueil, se fait notre ennemie. »

Les deux rappellent aussi que si l’Homme n’est pas parfait, la femme ne l’est pas aussi et que, souvent, celui qui « N’avait pour aliment que l’amour d’une femme », est trahi.

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