
La daube est un plat excellent à mitonner, en plus ce n’est pas onéreux ; ça, c’est l’acceptation culinaire du vocable daube. En revanche, réaliser un film merdique, c’est l’inverse. C’est faire de la daube, du médiocre, de l’inepte et, dans le cas du film Hawaï de Mélissa Drigeard, cela coûte une blinde, 7,9 millions d’euros exactement. Indirectement, ce sont les contribuables qui banquent par le biais de divers organismes comme le CNC, les fonds de dotation de région, …
Scénario complètement irréaliste : une bande d’amis hétéroclites, dont on cherche du début à la fin du film le dénominateur commun, s’envole pour des vacances vers le cinquantième État des États-Unis. Ils ont un secret : Stéphanie est en couple avec Bruno, mais Thomas, son ex, ne le sait pas et cherche à recoller les morceaux. Sinon, de la bière, des cocktails aux couleurs sympathiques et beaucoup de vulgarité. À la faveur d’une séquence de panique créée par une alerte au missile balistique, les uns et les autres vident le sac de leurs louanges et griefs. La normale revenue, le saccage est complet dans les relations amicales.
Rien n’est plausible. À commencer par le décor d’Hawaï planté sur l’île de la Réunion. Ce ne sont pas quelques panneaux en américain qui donnent le change. Sans compter que, pas un quart des comportements et facéties de la bande n’auraient été tolérés dans une société américaine extrêmement puritaine et judiciarisée. Bien sûr, aux États-Unis, il est possible de marcher trois mètres nue comme un ver dans un hôtel et à la plage. Une imagination mieux faite aurait pu produire cent scénarios catastrophes compatibles avec le cadre et les charmes de ce DROM français. Mais non, il fallait capillotracter l’affaire.
Capillotractées est l’adjectif qui colle le mieux aux interactions entre les protagonistes qui plantent tous les poncifs déjà usés dans Les petits mouchoirs, Barbecue et autres comédies éducatives-diversitaires subventionnées par le contribuable. Personne n’a d’allure, tous parlent mal, s’insultent. Les enfants et les parents jouent tous les modèles éculés d’une éducation laxiste à la Mai 68 qui faisaient vraiment rire dans Les babas-cool mais affligent ici par leur bêtise. Il y a toutes les séquences politiquement correctes pour tenter de bien éduquer les spectateurs sous couvert d’humour, – et obtenir les financements du CNC : ramasser des déchets sur la plage, la maman de Thomas a une compagne, les parents fument la mariejeanne de leurs enfants qui leur donnent des leçons en retour. On se demande d’ailleurs comment de la beuh aurait pu passer au travers des douanes américaines ; mais c’est un détail trop logique dans cette bouillie insensée.
Pas un instant, les dialogues, les postures, les costumes, ne donnent envie d’y croire. Tenir une heure et quarante minutes à cette aune ne s’explique que par la nécessité de comprendre l’utilité ou de confirmer l’inutilité de ce film, la gabegie de 7,9 millions d’euros et le processus de réflexion des autorités qui ont permis la réalisation d’une telle gadoue. Ainsi, on réalise où passe notre argent et on prend la mesure de ce que le subventionnement de la création cinématographique en général, artistique en particulier, recouvre d’insultes à l’intelligence en général et au 7ème Art en particulier.