
Ona, diminutif d’artiste de Ramona, sera restée raisonnable ; elle aurait pu se laisser emporter par le charme du metteur en scène, mais non : elle reste avec Nico, son petit ami. Cette amourette aurait pu être un point de bascule pour celle qui ne sera l’héroïne que d’un unique film. La raison l’emportera et son premier rôle restera une péripétie de vie, un « boulot » qui lui aura permis, une fois dans sa jeune vie, d’aller enfin jusqu’au bout d’un projet.
Jeunesse, incertitudes, caprices, impulsions, tentations ; le film « Ramona fait son cinéma » est un portrait de tous les hauts et les bas dont est fait l’entrée dans la vie. Ramona vit de petits boulots quand, un matin, accoudée à un comptoir devant un café, elle rencontre sans le savoir le metteur en scène du film pour lequel elle passe une audition le lendemain. « Estoy enamorado de ti », en quatre mots, Bruno, l’inconnu- metteur en scène, bouleverse la petite existence, certes indécise, de Ramona et crée, pour la suite, des conditions passionnelles qui transformeront le tournage du film en joute amoureuse.
La vie ordinaire, la vie « normale » est filmée en noir et blanc : couleurs sans nuances, du pour et du contre, de la raison qui emporte des décisions sages. Les essais, les répétitions, le tournage, tout ce qui a trait au film, est tourné en couleurs, éclatantes : là, devant et derrière la caméra, tout est possible, tout peut être tentant et tenté. Ce dualisme chromatique souligne le charme de l’actrice qui campe Ramona : Lourdes Hernández. Elle est pétillante du début à la fin et joue avec un humour léger, un jeu d’expressions très juste, tous les atermoiements auxquels peut être confrontée une jeune femme aux prises avec des sollicitations contradictoires qui complexifient sa quête d’une vie juste, avec laquelle elle sera en accord. Vraiment, une jolie comédie qui fait passer un bon moment.