L’instant.
L’instant d’une joie, d’une larme, d’une colère, d’une indignation, d’un paysage, d’une fleur, d’une page de livre, d’un geste, d’une rencontre, d’une conversation, d’une coupure de presse, d’une gourmandise, d’un footing, d’un film, d’un son, d’un concert, d’un tableau, d’un discours, d’un vote, d’un drame, de l’Histoire.
Tout est source d’observation. Tout est source de questionnement. Tout est source de réflexion.
L’esprit, l’intelligence, l’imaginaire, rarement en repos, foisonnent. Il y a deux manières de traiter cette richesse inépuisable, ces étincelles : les taire ou les partager.
Choisir d’exprimer ce que le monde provoque en nous, par l’écrit en l’occurrence, exige d’aller puiser dans le trésor des mots, de jouer avec toutes leur subtilité, pour rendre tangible, lisible la palette si vaste des sentiments, de leurs nuances,qui nous lient à lui.
Il n’y a pas une unique compréhension du monde. Il y a autant de nuances que d’individus.
Sentiments, compréhension ; les porter aux regards du monde demande un peu de courage, celui de provoquer la confrontation, celui d’attirer le jugement, celui de risquer de se montrer différent, celui de sortir du bois pour afficher ses convictions.
J’ai choisi le courage de parler de ce qui me plaît, de partager ce qui suscite mon intérêt, d’interroger certaines évidences communément admises, de réfléchir sur mon époque, d’émettre des opinions, d’avancer des pistes de réflexion.
Comme au cours d’une ballade, je promène mon regard sur chacune des trois cent soixante-cinq journées de l’année 2019 pour en faire une chronique quotidienne.
Chronique de ce rapport particulier, charnel, émotionnel, subjectif que j’entretiens avec le monde qui m’entoure.
Chronique d’une curiosité insatiable.
Chronique des joies, des peines, de l’admiration, de la passion, de l’amitié, de l’enthousiasme ou du scepticisme pour les différentes manifestations de notre époque.
Écrire une chronique quotidienne revient à accaparer un peu le temps à l’heure où il ne s’arrête jamais, à l’heure où le petit, le discret, l’humble, le fugace ne retiennent plus l’attention, n’enflamment plus la poésie qui sommeille pourtant en chacun de nous.
Suspendre le temps, pointer sa réflexion vers une cible et transmettre, avec une volonté esthétique, peut-être philosophique, parfois politique, pour aller au-delà de l’image, de l’évènement.
Je n’oublierai pas un soupçon de générosité, celui de partager, humblement, quelques-unes de mes tribulations réflexives.
Telles sont les intentions de ces « 365 Nuances de 2019 ».