
Il se fait rare le soleil ces derniers matins. Il manque les petits rayons qui, à peine franchi le bord de l’horizon, s’immiscent par tous les interstices des croisées pourtant closes et dardent avec malice sur le rondi tendre de nos joues.
La chape automnale pourrait ombrager nos humeurs, mais ce serait sans compter notre ressource intérieure.
Éole n’est pas qu’un astre céleste, une lumière venue de loin, Il est aussi cette étoile intime qui, certains matins, brille sans s’annoncer ni se faire prier.
Le réveil prend alors des allures d’embrasement. Les paupières encore indécises, le corps encore lové dans les ouates profondes de l’alcôve, le cœur bat d’un rythme neuf.
Un chef invisible prend la direction, sa main s’élève au-dessus de la couche à peine éclairée, elle bat, d’abord doucement, avec précaution, puis crescendo, la mesure de la journée. Le corps, comme un orchestre aux multiples instruments, s’accorde à l’esprit devenu le premier violon qui donne le la.
Soudain, le soleil intérieur éclate, l’énergie jusque-là en embuscade monte à l’assaut ; rien ne leur résiste.
Cet astre, ce souffle des profondeurs de soi, fantasque mais inépuisable, s’appelle la joie.