
« En me rappelant le sourire si plein de grâce et de bonté de Madame du Barry, je suis devenu plus indulgent envers la favorite », c’est ainsi qu’un jeune avocat, Jacques Pierre Brissot de Warwille, évoque la maîtresse du roi Louis XV, alors qu’elle lui prête son concours pour être présenté à un Voltaire déclinant. Nous sommes là en février 1778, Jeanne Bécu a déjà perdu sa place de favorite depuis la mort du roi Louis XV en 1774. Mais sa disgrâce est terminée, elle s’est établie dans ses terres à Louveciennes avec la grâce de Louis XVI.
En jetant un œil aux portraits d’époque de la courtisane, en les comparant au personnage campé par l’actrice Maïwenn dans le film « Jeanne du Barry », on retrouve une certaine partie du compliment fait par le jeune avocat. Cependant, le film narre la relation entre le Souverain et sa favorite avec beaucoup trop de liberté par rapport à la bienséance et à l’Étiquette de la Cour de l’époque pour être pris au sérieux. Il est peu crédible que, de joie d’avoir enfin reçu un mot de reconnaissance de la Dauphine Marie-Antoinette : « Il y a bien du monde, aujourd’hui, à Versailles », la du Barry soit allée se jeter au cou du roi en plein Conseil.
Mais le film est plaisant. Johnny Depp joue parfaitement au Bourbon ; on perçoit à peine un léger accent américain dans ses répliques. C’est très louable à Maïwenn, qui réalise ce film en plus d’y tenir le premier rôle, d’avoir mis l’acteur américain ainsi à l’honneur et de ce fait, de faire fi de l’hystérie féministe des actrices des deux côtés de l’Atlantique. Elle n’est complaisante ni avec ces harpies, ni avec les travers de la société de Versailles de l’époque ; à quelques broutilles d’exactitude historique près, on est tenue en haleine du début jusqu’à la fin sans voir le temps passer.