Un billet, court, chaque jour.
Sur son métier à tisser de poète, Jacques Prévert fait aller et venir le fil de sa prose un peu enchevêtrée, avec le geste résolu de tapissier, navette en main, qui sait toujours tenir une trame.
Il carde sa fibre poétique et noue hardiment, un mot avec un autre comme s’enlacent souvent les branches entre elles, des liens, aux résonances surprenantes, entre notre lecture et son univers rêvé des arbres.
Où l’Homme ne rend pas leurs existences faciles.
Où les arbres, sans rancune, ne gâchent pas celles des Hommes en retour.
C’est en 1976 que paraissent ces vers bohèmes illustrés des gravures épurées de Georges Ribemont-Dessaignes.
Ces vers crachent d’abord les monologues possibles des arbres et, ensuite, ils racontent.
Les Arbres racontent « L’espoir Vert » : leur avenir romancé, une révolte verte bien ordonnée où, à la fin, ce sont eux, les arbres, qui gagnent et où, enfin, les hommes sont tous supplantés.
Tous, sauf :
« deux amoureux humains
deux rescapés
s’approchèrent d’un peuplier
sur son cœur ils gravèrent
leurs cœurs et leurs noms enlacés
et furent épargnés. »