Un billet, court, chaque jour.
La salle, de bonne taille, était quasi comble ce soir.
Ce n’était pas un block-butter sorti la veille, mais un bon vieux film sorti des archives classiques : « Dr. Strangelove », «Docteur Folamour» en français.
Comédie apocalyptique secouant nos zygomatiques au fil des rebondissements ubuesques de ce scénarios catastrophe.
Il faut dire qu’en 1964, la menace nucléaire était bien tangible ; Hiroshima et Nagasaki pansaient sans doute encore leurs blessures.
Il valait mieux choisir d’en rire.
Peter Sellers en trois combinaisons tout aussi désopilantes les unes que les autres : Muffley, président psychologue et pédagogue avec son homologue soviétique ivre-mort ; Mandrake, capitaine courage qui neutralise le fou-furieux qui tient les fils du drame nucléaire entre ses pauvres neurones dérangées ; et, pour faire bonne mesure, le « Dr. Strangelove », caricature du transfuge nazi nostalgique et complètement fissuré au cerveau.
Un Général se léchant les babines à l’idée de devenir un taureau-reproducteur exclusif de l’espèce humaine ; avec les plus belles femmes possibles, si possible.
Un Commandant de B-52, bidouillant lui-même un missile bloqué dans la soute, pour lui permettre d’aller achever sa mission meurtrière, et qui, en parfait cow-boy, va jusqu’à la chevaucher en plein ciel.
De l’humour, des railleries à chaque réplique.
Et le désastre, l’irréversibilité des programmes de combat, chanté comme un hymne par la douce voix de Vera Lynn !!
Le monde se défait, explose, brûle, se désagrège mais, la voix suave, reprise par un chœur, nous promet :
« We’ll meet again
Don’t know where
Don’t know when
But I know we’ll meet again some sunny day
Keep smiling through
Just like you always do
‘Till the blue skies drive the dark clouds far away »
Que c’est bon, les vieux films !!