365 Nuances de 2019 – #355 – «Molière revient bientôt ?»

Un billet, court, chaque jour.

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L’humour se placarde parfois sur des supports bien surprenants.

Sur la façade d’un immeuble qui aurait succédé aux murs de la maison qui aurait vu naître Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière pour sa gloire et la postérité, s’affiche, en sous-titre de sa naissance en ce lieu potentiellement illustre, les harangues suivantes :
« Prochainement ouverture »
« Bringing back the smile * »
* NDLA : « Vous allez retrouver le sourire » ; pour respecter la loi sur l’usage du français dans la réclame.

Molière revient bientôt ?

Va-t-on enfin pouvoir à nouveau se moquer des puissants de ce monde ?
Va-t-on de nouveau rire de tout avec tout le monde ?
Va-t-on revenir à une liberté de parole, celle qui permet d’appeler un chat un chat ?

A regarder le détail de l’ex-voto, on y note une erreur de taille : la date de naissance.
Molière est né en 1622 et non en 1620.
Il serait en réalité né au 96 de la Rue Saint-Honoré, où s’échafaudait un ancien « Pavillon des Singes » !
Pavillon ou monnaie de singe ; de quoi rire me direz-vous !

La réclame est donc doublement fausse et mensongère.
L’ouverture n’aura lieu de sitôt et ainsi, le sourire n’est pas près de vous retrouver !

Il aurait été possible d’en déduire du Beaumarchais et du besoin de liberté de blâmer, mais malgré la supercherie, nous en resterons à l’inégalable « Malade Imaginaire » :
– « Il en est comme de ces beaux songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus*. »

Molière est mort en et sur scène en jouant « Le Malade Imaginaire ».
Il était réellement malade.
Pas certain qu’il lui ait été donné le temps de sourire une dernière fois.
S’il se réveillait ici, Rue du Pont-Neuf, ou là, Rue Saint-Honoré, il retrouverait malheureusement le déplaisir d’avoir cru à ce beau songe qu’est la liberté de parole et de ton.

Il fallait peut-être la noblesse d’un Roi, d’un Louis XIV, pour assumer en même temps la raillerie et en même temps les éloges flatteurs.

 

 

* Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière – « Le Malade imaginaire», 1673

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