
Moment d’observation fort étonnant ce matin.
Au moment de payer une course dans une supérette, je me suis aperçue – je devais dormir debout aux précédents passages en caisse -, que le caissier ne comptait plus rien.
Il associait des images.
Je lui ai tendu 5 euros en pièces pour un achat de 4, 40 euros.
Il a regardé les pièces, il a regardé l’écran, il a touché les images qui correspondaient aux pièces récupérées.
Il lui a quand même fallu chercher les soixante centimes dans le tiroir à monnaie.
M’est revenue à l’esprit l’image du fromager du marché, le crayon sur l’oreille, le carnet à souche dans une main, qui, après avoir fait de tête la multiplication du poids par le prix, notait un à un le montant des achats.
Pour une petite addition en colonne terminale.
Le tout, en faisant un peu la conversation.
– « Quatre-vingts, quatre-vingt-dix et dix qui font cent ! » Ça, c’est une phrase historique !
M’est revenu à l’esprit mon jeu de marchande. Petit étal miniature, avec ses petits fruits et légumes, ses petits fromages, ses fausses boîtes de conserve et, … ses pièces et ses billets.
Et de reproduire avec véhémence, le jeu commercial du « il est comment votre emmental ? » et les prix au pifomètre.
Le tout, en tirant la langue à chaque addition.
– « Neuf et trois qui font douze ; je pose mon un ! »
Maintenant, on entre, on pose, on laisse scanner, on tend sa carte sans contact, on regarde le caissier faire son domino de pièces de monnaie.
Le tout, sans un mot. Pas même un regard.
Et on se retire en se demandant ce que pensaient les copistes en entendant parler d’imprimerie.