
« Faute de grives, on mange des merles. » Faute de musée, on musarde.
Aurait-on souhaité changer d’air, que les images accrochées sur les grilles du square de la Tour Saint-Jacques nous en auraient empêché. L’époque n’est pas gaie et c’est bien de nous le rappeler.
Walker Evans n’a pas immortalisé le plus enthousiasmant de l’Amérique en crise des années trente, il offre pourtant dans ses portraits une forme d’art qu’un pinceau n’aurait pas démentie.

Est-ce le sujet qui fait l’artiste ou l’artiste qui fait le sujet ?
Les deux, ma brave dame !
L’artiste est le pivot entre une manière de rendre compte et une manière de recevoir.
Mais là où il y avait une palette, il y eu après une molette et aujourd’hui, un clic.
Sans doute l’outil joue-t-il éminemment dans l’épaisseur, la densité du lien entre l’artiste et son sujet.
Là où sur une toile, il fallait des heures, des poses ou de la mémoire ; là, où il fallait des minutes, des pauses et un coup d’œil ; là, il ne faut plus qu’être là. Et mitrailler.
Là où il fallait viser juste et-ou attendre longtemps parce que les conditions ne reviendraient jamais, il désormais possible d’arroser. Se tromper devient tragique.
Ainsi, le temps joue contre la réflexion, contre la valeur du message, contre l’efficacité de la manière d’en rendre compte et donc dans celle de le recevoir.
La Biélorussie vit certainement des heures sombres mais l’artiste-photographe en quelques mètres et quelques prises, a obturé et son objectif et sa cause.