Un an de travail vient de s’achever. Fini, bouclé : le mémoire de fin d’études.
Un an, à lire, à prendre des notes et à commenter pour s’approprier le propos. Un an, à resserrer le sujet pour le précipiter en une problématique pointue. Un an, cette problématique n’ayant pas été traitée par ce biais, à construire les étapes de la réflexion. Un an à imbriquer les arguments dans une suite cohérente pour conduire la pensée d’une question à une réponse.
Les heures de rédaction à choisir le mot juste, l’expression parlante, le ton convainquant.
Cheminer, cheminer, se lancer dans une phrase qui ne colle pas à la précédente et qui n’accouche pas de la suivante. Traquer le point, traquer la majuscule, traquer les répétitions, chercher le synonyme, construire la meilleure formulation. Insérer adroitement la citation, expliquer son utilité, montrer son adéquation avec le propos. Introduire, conclure. S’assurer que tous les enjeux du début trouvent leurs réponses et fondent solidement l’édifice que vous vouliez construire.
Relire le paragraphe, la page, le chapitre et chercher l’éventuelle faille, la faiblesse dans le raisonnement. Relire le tout, le gueuler à la Flaubert pour s’assurer que les murs comprennent et que le lecteur suivra votre pensée de la première à la dernière lettre. Relire, relire, jusqu’à ne plus pouvoir voir.
Il faut couper le cordon ; dire stop ; lâcher prise.
Attacher le document en pièce jointe du message. Rédiger le mot d’accompagnement. Appuyer sur envoi et ressentir, après un instant de doute prégnant, un immense soulagement.
Après des semaines de kilos de plomb, ressentir, le souffle puissant balayer toutes les pesanteurs et s’insinuer, dans tous les interstices du corps, le sentiment de la plume.
Guillemette Callies 