
Le hasard existe-t-il lorsque l’on compose un bouquet ? Ou cela relève-t-il de cette famille de gestes que l’on croit faire en toute ingénuité, mais qui confessent inconsciemment les intentions et sentiments qui habitent celui ou celle qui choisit chacune des fleurs ?
Le lexique des fleurs est vaste, complexe et subtil, en fonction des variétés, des teintes et de leur assortiment. Un bouquet est, presque, toujours le fruit d’une belle intention, d’un élan poétique. C’est un message dont les mots sont des pétales. Au Japon, ce qui est considéré comme un art, porte le nom d’ikebana : la voie, ou la voix, des fleurs ; l’art de les faire vivre. Une branche de cerisier en boutons, unique dans un soliflore, sans bruit, charme le regard et l’âme.
L’anémone qui s’épanouit au souffle du vent symbolise un amour immortel. La tulipe rose pâle qui s’élance verticale témoigne d’une affection profonde. La clématite, corolle pudique, chuchote son espoir amoureux. La renoncule, tout en froufrous sophistiqués, souhaite richesse et prospérité. L’achillée, en mille boutons minuscules, invite à la réconciliation, au soulagement. Un bouquet, composé de toutes ces fleurs, ne peut être autre chose qu’un gage complet d’affection, d’amour, de paix.
Dans cette abondance de nuances, peut-être avec la rose passionnée, seule la marguerite supplante ses sœurs. La marguerite est pureté, innocence, amour loyal ; signe de grandeur d’âme, de fidélité ; digne d’estime. Elle est la synthèse de toutes les autres fleurs, une seule suffit à tout dire. Marguerite des villes, marguerite des champs, son message est discret mais constant. Elle est la plus belle en tout temps.